Deuil périnatal : douleur et isolement
Habituellement synonyme de grand bonheur, la plupart des grossesses se déroulent sans problème et se concluent par la naissance d’un bébé en plein santé. Toutefois, un drame imprévisible survient parfois : le décès de l’enfant tant désiré. La douleur associée au départ trop rapide de ce petit être amoureusement porté demeure souvent incomprise, et même, banalisée par l’entourage. Pourtant, le deuil périnatal ne se limite pas à la perte d’un bébé : les projets, les rêves, le bonheur anticipé, eux aussi sont envolés. Une vie entière ne sera jamais vécue…
Démystifier le deuil périnatal
On qualifie de périnatal tout deuil vécu par les parents de bébés décédés pendant la grossesse, durant l’accouchement ou au cours de la première année suivant la naissance.
Chaque parent vit différemment cette expérience très personnelle. Peu importe le stade de la grossesse, le lien affectif formé par les parents avec leur bébé influence en grande partie l’intensité de ce deuil.
Néanmoins, selon une croyance populaire, les parents devraient se remettre plus vite de la mort avant-terme ou très rapide d’un bébé. Or, pour eux, la perte est lourde, peu importe l’avancement de la grossesse, et ce, même s’ils n’ont pas ou très peu connu leur enfant. Le chagrin peut avoir la même intensité que pour la mort d’un être ayant vécu.
Tabou dans notre société, le deuil périnatal s’accompagne souvent de honte, d’une diminution de l’estime de soi et de culpabilité d’avoir échoué, contrairement aux autres parents, à mettre au monde un enfant vivant.
Par ailleurs, pour l’entourage n’ayant pas développé de lien affectif avec lui, comprendre la souffrance des parents s’avère complexe.
Pour toutes ces raisons, partager la mort d’un tout petit bébé est souvent difficile. Plusieurs s’isolent alors.
Quelques conseils
Le retour à la maison les bras vides, les questions des proches ou des autres enfants, les montées laiteuses sans bébé à nourrir, la rencontre de femmes enceintes, la chambre du bébé à la maison… Tous ces petits éléments alourdissent le deuil vécus par les parents.
Alors si vous vivez la perte de votre bébé, ou accompagnez des parents dans cette douloureuse épreuve, voici quelques conseils pour traverser ce deuil si particulier :
Éviter toute banalisation
Véritable épreuve pour les parents, le deuil périnatal doit être considéré légitime, peu importe le moment du décès de l’enfant. Les phases du type « Tu es encore jeune, tu en auras un autre », « Ce n’est pas si grave, il était petit », ou encore « Vaut mieux maintenant que plus tard » encouragent l’isolement et doivent à tout prix être évitées. Au contraire, considérez plutôt cet enfant disparu, parlez-en, donnez-lui une existence.
Être une présence rassurante, apporter un soutien dans les tâches quotidiennes, adopter une écoute active, faire preuve d’une compréhension empathique et de patience : voilà d’autres bonnes pratiques à adopter. Les parents endeuillés désirent parler de leur bébé et partager les souvenirs qu’ils ont de lui
Rassembler le maximum de souvenirs
Alors qu’un lot de souvenirs inestimables accompagne la mort d’un proche présent dans notre vie depuis des années, le décès périnatal d’un enfant en laisse très peu aux endeuillés pour se réconforter. Pour leur cheminement, cette insuffisance représente une difficulté supplémentaire.
Voir le bébé, même décédé, et lui donner un prénom s’avère donc primordial. Laver le bébé, l’habiller, prendre une empreinte de pied, conserver une mèche de cheveux, prendre des photos : même si ces gestes peuvent sembler insensés, morbides même aux yeux de certains, les parents devraient conserver le maximum de souvenirs de leur enfant disparu.
Se faire aider
Enfin, lorsque la souffrance demeure trop vive sans diminuer, il ne faut pas hésiter à consulter.
Par ailleurs, même si ce sujet demeure tabou, de plus en plus d’organismes et de ressources voient le jour pour soutenir les familles vivant un deuil périnatal :
Administré par et pour des parents vivant un deuil périnatal au Québec, l’organisme québécois Parents Orphelins regroupent ces pères et ces mères afin qu’ils s’entraident tout en bénéficiant de services complémentaires à ceux offerts dans les services de santé.
En outre, chaque année, le 15 octobre a lieu la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. Organisée pour sensibiliser les gens à la perte d’un bébé, elle a pour objectif de « faire connaitre la réalité de nombreuses familles touchées annuellement au Québec et leur offrir une reconnaissance ».
Alors surtout, si vous traversez une telle épreuve, ne restez pas seul.